The next Big Three

Une nuit de juin 1999. Un grand Russe aux cheveux blonds comme les blés s’avance sur scène, met une casquette de Dallas sur sa tête et serre la main de David Stern. Avec le quatrième choix de la draft, les Mavericks viennent de choisir Andrei Kirilenko, un ailier de 20 ans en provenance directe d’Europe. Après une saison désastreuse, Dallas était censé choisir en premier mais le hasard, comme toujours, en a décidé autrement. Sans que cela ne chagrine outre mesure le GM des Texans. Elton Brand, Baron Davis, Steve Francis : les trois premiers choix de cette draft n’intéressaient pas les Mavericks. Et pour cause, ils jouent au même poste que le duo qui représente l’avenir de la franchise. Dans cette draft, Dallas venait chercher un arrière ou un ailier. De préférence jeune et défensif. Pas un futur franchise player. One team, one player : à Dallas, le franchise player, ce sera Dirk Nowitzki. Le meneur Mike Bibby et donc Kirilenko seront ses lieutenants. Présentation d’un Big Three en couveuse.

DIRK NOWITZKI
Poste : Ailier-fort
Taille : 2,13m
Age : 21 ans
Université/équipe : DJK Würzburg (Allemagne)

Carrière :
Jusqu’en 1998, Nowitzki ne connait qu’un club, le DJK Würzburg, le club local de la ville allemande où il est né. Pendant les quatre saisons où Nowitzki joue pour le DJK, le club est en deuxième division allemande et ne monte à l’étage supérieure qu’à la fin de la saison 97-98. Lors de cette saison, Dirk tourne à 28.2 points par match alors qu’il effectue son service militaire en parallèle et est nommé joueur allemand de l’année. Le talent du jeune Allemand ne passe pas inaperçu puisqu’en 1996 le FC Barcelone lui fait une proposition, que Nowitzki refuse car il souhaite rester en Allemagne… pour préparer son baccalauréat ! En 1997, en tournée américaine avec Nike, il joue contre Charles Barkley qui, impressionné, crie au génie et dit à Nowitzki de l’appeler s’il veut jouer en NBA. En 1998, il écrase le Hoop Summit avec 33 points, 14 rebonds et 3 interceptions. Sa côte est donc élevée avant la draft 1998 et les Mavericks le choisissent, via un trade préparé à l’avance avec les Bucks, en neuvième position. Ce choix coupe l’herbe sous le pied de Boston, qui avait promis de le sélectionner avec le pick #10, Rick Pitino, le coach des Celtics, l’ayant comparé à Larry Bird après un work-out. Du coup, Boston sélectionne Paul Pierce… Le passage de la deuxième division allemande à la NBA est rude pour Dirk Nowitzki, notamment sur le plan physique, face à des joueurs habitués aux séances de musculation. Il bénéficie de toute la confiance du staff des Mavericks et joue 76 matchs en tant que rookie, passant seulement 27.5 minutes en moyenne sur le parquet, en partie à cause de son manque d’endurance. Il démontre aussitôt de formidables qualités de scoreur avec 16.0 points par match et ajoute 6.7rpg, 2.1apg, 0.8spg et 1.5bpg. Invité à participer au match Rookie/Sophomore du All Star Week-end, il est élu en fin d’année dans la All-Rookie Team. Une première saison intéressante à confirmer et à dépasser l’année prochaine !

Caractéristiques :
Très grand (2,13m) pour un ailier-fort, Dirk Nowitzki est avant tout un gros scoreur, à l’aise aussi bien sous le cercle qu’à mi-distance. Il possède un tir à trois points intéressant pour un Big Men (12/31 cette saison) mais sa mécanique reste largement perfectible. C’est également un bon défenseur, au poste comme à l’extérieur, capable de réaliser un bon nombre de contres et quelques interceptions à l’occasion. Il manque de qualités au rebond, ce qui viendra peut-être avec la pratique et surtout s’il renforce son physique qui est son plus gros défaut. Il n’est ni assez fort, ni assez endurant pour dominer en NBA. Cet été, il soulève de la fonte !

Potentiel :
Du côté de Dallas, on en est persuadé : Nowitzki est un potentiel Hall-of-Famer. Dans quelques années, il sera l’un des meilleurs joueurs de la ligue.

MIKE BIBBY
Poste : Meneur
Taille : 1,88m
Age : 21 ans
Université/équipe : Arizona

Carrière :
Bien que né à Cherry Hill dans le New Jersey, Mike Bibby effectue toute sa scolarité à Phoenix, dans l’Arizona. C’est donc logiquement qu’il rejoint, en 1996, les Arizona Wildcats en NCAA. L’université d’où est notamment sorti Steve Kerr est une valeur sûre, présente dans le tournoi final depuis 1985 avec une apparition au Final Four en 1994. Pour sa première année universitaire, Bibby prend les rênes de l’équipe avec 13.5ppg et 5.2apg (en 32.6mpg). Avec Jason Terry en sixième homme, les Wildcats sont irrésistibles lors de la March Madness, éliminant trois têtes de série #1 : Kansas en demi-finale régionale (85-82), North Carolina au Final Four (66-58) et enfin Kentucky en finale NCAA (84-79), une performance qui n’avait jamais été réalisée auparavant ! Bibby score 20 points en finale mais son coéquipier Miles Simon lui est préféré pour le titre de MOP. L’année suivante, Arizona aligne la même équipe et vise le back-to-back mais les Wildcats, tête de série #1 à leur tour, se font renverser en finale régionale par le futur finaliste, Utah, emmené par Andre Miller. Cette défaite est le dernier match de Mike Bibby en NCAA puisqu’il se présente aussitôt à la draft. Sélectionné par Vancouver en deuxième position, il est presque aussitôt envoyé à Dallas en échange de Steve Nash et de Michael Finley. Le staff des Mavericks ne cache pas sa satisfaction d’avoir récupéré celui qu’il considère comme le futur meilleur meneur de la NBA et l’installe comme meneur titulaire de l’équipe, une confiance qu’il rend avec de très belles stats : 15.5ppg, 7.7apg et 1.4spg en 35.7mpg. Invité au Rookie Game, il prend part à la victoire (77-66) des rookies et repart avec le trophée de MVP (10pts, 6asts, 5rbds, 2stls) ! Rookie du mois de novembre, élu dans la All-Rookie Team, Bibby respecte tous les points de passage. Lui aussi va devoir confirmer cette saison…

Caractéristiques :
Mike Bibby est avant tout un redoutable défenseur, capable de harceler le meneur adverse pour le pousser à la faute, excellent pour voler des ballons. Offensivement, sa principale qualité est sa capacité à attaquer le cercle en profitant de sa vitesse. Il possède un jumpshot assez fiable mais n’est vraiment pas un tireur longue distance (23/96 cette saison). Côté distribution, ce n’est clairement pas Jason Kidd (10.3apg !) mais il se classait 9ème meilleur passeur de la NBA cette année ; s’il progresse dans ce domaine il devrait tutoyer les sommets de la ligue. Il à encore tendance à perdre trop de ballons (3.3 par match) mais il peut également s’améliorer.

Potentiel :
All Star, c’est un objectif raisonnable pour Bibby. Il peut également devenir un spécialiste défensif ou au contraire se développer en attaque pour dépasser les 20 points par match. Ou les deux… sait-on jamais.

ANDREI KIRILENKO
Poste : Ailier
Taille : 2,06m
Age : 20 ans
Université/équipe : CSKA Moscou (Russie)

Carrière :
Double champion de Russie chez les jeunes, Andrei Kirilenko devient à l’âge de 15 ans le plus jeune joueur à participer à une rencontre du championnat russe professionnel, la SuperLigue. A 16 ans, il est repéré par le mythique entraineur du CSKA Moscou, Stanislav Yeryomin, qui lui propose de rejoindre le sextuple champion de Russie en titre. Mais Kirilenko préfère rester un an au Spartak Saint-Pétersbourg où il devient titulaire, tournant à 11.9pts et 4.6rbds de moyenne. Il rejoint alors le CSKA et devient, à 18 ans et 10 mois, le plus jeune participant au All Star Game de la Superligue : il inscrit 12 points et remporte le concours de dunk avec la note maximale ! Champion de Russie pour ses deux premières années au CSKA, il est élu MVP du championnat à 19 ans… Et membre du premier cinq défensif, évidemment. Avant de rejoindre la NBA, il reste une dernière saison au CSKA dans l’espoir de remporter l’Euroligue. Deuxième rebondeur de la compétition (9.2rpg), Kirilenko emmène Moscou au Final Four mais, malgré 23 points de son ailier, le CSKA s’incline en demi-finale face au Maccabi Tel-Aviv. Troisième aux votes du MVP derrière le légendaire Bodiroga et l’Américain du Maccabi Nate Huffman, Kirilenko se présente alors à la draft. Il est choisi en 4ème position par Dallas qui voit en lui le complément idéal du duo Nowitzki/Bibby.

Caractéristiques :
Un défenseur avant tout, domaine dans lequel il n’a aucun point faible. Sa spécialité ? Les contres. Excellent rebondeur, solide balle en balle, plutôt rapide, Kirilenko est un All-Around player par excellence. Doté d’un jumpshot fiable, il peut scorer assez efficacement une douzaine de points par match.

Potentiel :
Un jour, AK sera élu Defensive Player of the Year. C’est le pari du staff des Mavericks.

(NB Modjo ne m’ayant pas répondu sur l’âge réel de Kirilenko, j’ai déroulé toute sa carrière jusqu’en 2001, l’année où il intègre la NBA, à 20 ans)